Plusieurs personnes sont frustrées de voir qu’elles ne peuvent pas travailler sur certains projets parce qu’ils sont réservés à des membres de l’UDA. Pourtant, l’Union des artistes n’est pas là pour nuire à la carrière de qui que ce soit, mais plutôt pour protéger les artistes professionnels. Donner priorité aux membres UDA, c’est à l’avantage de tout le monde.
Tout d’abord, être membre de l’UDA n’offre pas autant d’avantages qu’on pourrait le croire. Les membres UDA ont priorité pour la figuration – les 15 premiers doivent être membres actifs, les 10 suivants peuvent être stagiaires ou membres actifs – et ils sont les seuls qui peuvent faire de la publicité télé et du doublage.
Les rôles en fiction et en publicité sur les nouveaux médias sont ouverts à tout le monde. Si plusieurs non-membres ne sont pas choisis ni même appelés pour l’audition, c’est parce qu’ils n’ont pas l’apparence, la formation, l’expérience, la compétence ou les outils de travail qu’il faut pour décrocher le rôle. Leur statut n’a rien à voir avec ça. D’une certaine façon, les non membres ont encore plus de chances de jouer parce qu’en plus de pouvoir faire des rôles UDA, ils peuvent également participer à des productions non union.
Les membres actifs ont priorité pour la figuration, suivis des stagiaires UDA, pour s’assurer qu’il y ait un minimum de membres UDA sur les plateaux en plus d’offrir des conditions de travail décentes pour tous. Et ça, ça profite aux non-membres qui travailleraient souvent dans de mauvaises conditions s’ils n’avaient pas les mêmes droits que les membres UDA. Faire de la publicité télé et du doublage est plus payant et c’est un privilège qui se mérite après avoir accumulé assez d’expérience. Passer par-dessus cela, ce serait ignorer totalement les droits pour lesquels les comédiens professionnels ce sont battus pendant des années afin de se faire respecter et vivre de leur métier.
L’intérêt de réserver ces quelques rares privilèges aux membres est de s’assurer que les comédiens puissent se dédier à temps plein à leur travail. C’est de cette façon qu’ils pourront s’améliorer et devenir de vrais professionnels, ce qui profitera également au public qui verra des performances de plus grande qualité à la télévision, au cinéma, sur le web et au théâtre. Les amateurs qui travaillent sur des productions sous-payées ou même bénévoles alors qu’ils devraient être rémunérés selon les normes de l’UDA font en sorte que les comédiens professionnels ont de la difficulté à se faire payer à leur juste valeur.
Il n’y a pas assez de place pour tout le monde dans le milieu québécois. Ça ne servirait à rien d’avoir des centaines de milliers de membres qui font deux ou trois figurations par année la fin de semaine en plus de leur travail à temps plein la semaine. L’objectif est d’avoir suffisamment d’artistes qui font ce travail à temps plein afin que cela reste vraiment un milieu professionnel. Imaginez si vous perdiez votre emploi à temps plein pour être remplacé par un stagiaire bénévole qui n’a presque pas de formation ni d’expérience. Plusieurs d’entre vous seraient très insultés. C’est un peu cela que vivent les membres de l’UDA.
L’UDA ouvre ses portes à tout le monde. Il suffit d’avoir fait un rôle parlé pour devenir stagiaire et ensuite accumuler trente crédits pour devenir membre actif. N’importe qui peut joindre l’union en suivant une formation dans une école reconnue, en obtenant un rôle dans une production UDA ou en jouant dans sa propre pièce de théâtre autogérée. Rien ne les arrête mis à part leur manque de temps pour travailler sur leur carrière. Ceux qui ne sont pas prêts à s’investir dans ces démarches ont visiblement d’autres priorités avant de devenir comédiens à temps plein. Être un artiste professionnel, ce n’est pas un passe-temps, mais bien un métier qui mérite d’être protégé pour continuer d’exister.
Ceux qui se plaignent de ne pas pouvoir participer à un projet parce qu’ils ne sont pas membres UDA n’ont qu’à faire les efforts qu’il faut pour obtenir ce privilège. Plusieurs projets sont ouverts aux non-membres qui veulent faire de la figuration de temps en temps ou quelques rôles dans des films étudiants bénévoles. Personne ne leur enlève leur passe-temps. Mais il faut protéger les droits de comédiens professionnels si vous voulez continuer de les admirer à la télévision.